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ka'ba

La codification du rituel du HAJJ relève de la tradition ancestrale africaine. Une tradition oubliée par les Arabes et dont le prophète Muhammad est venu réactiver le sens corrompu par des siècles d’obscurantisme idolâtres.

Ces mots sont tirés de la page 93 du livre L’opuscule révélé de Maître Taheruka Shabazz. Mais décrivent-ils un fait historique ou ne s’agit-il là que de démagogie islamisante ? Nous allons ici apporter des éléments allant dans le sens du hajj comme étant un rite sacerdotal kémite rendu accessible au peuple par l’action de la prêtresse Hajar/Agar. Pour ce faire nous allons d’abord nous intéresser au lieu de pèlerinage ensuite au rite de la circumambulation.

I) L’Arabie et Ta-Neter/Punt

Pour les kémites la terre la plus sacrée était Ta Neter, ce qui signifie la terre de Dieu. De là venaient leurs ancêtres pensaient-ils. Elle correspondait au royaume de Punt. Mais justement où se trouvait ledit royaume ?

Wesley Muhammad, dans l’ouvrage de référence Black Arabia and the African Origin of Islam nous éclaire sur la question :

Tout d’abord, comme l’ont souligné à la fois Johannes Dümichen et Edouard Naville, tout indique qu’un pays de Punt existait bien des deux côtés de la mer Rouge. Ici, les recherches de Rodolfo Fattovich sont importantes. Il a démontré l’existence d’un circuit d’échange afro-arabe entre les peuples de la Corne de l’Afrique – y compris ceux des plaines éthiopo-soudanaises – et l’Arabie du Sud à partir du VIIe millénaire avant notre ère, circuit d’échange qui était solidement établi au IIIe-IIe millénaire. Il correspond au circuit commercial « pounto-égyptien » décrit dans certaines sources. Fattovich soutient donc que « Dans l’ensemble, les découvertes archéologiques dans la Corne et dans l’Arabie du Sud sont tout à fait compatibles avec la description générale que nous fournissent de Punt les sources égyptiennes ». En d’autres termes, le pays de Pount / Ta-Neter comprenait à la fois Afrique de l’Est et l’Arabie du Sud. On sait que les hautes terres de l’Ethiopie et du Yémen (l’Arabie du Sud) font partie d’une région plus vaste et sont étroitement liées du point de vue de la géographie, du climat, de la zoologie, de la botanique et de l’ethnologie et Christopher Edens et T.J. Wilkinson ont montré que le sud-ouest de l’Arabie à l’âge du bronze avait des liens étroits avec la Corne de l’Afrique.

[…] Dimitri Meeks, directeur de recherche à l’Institut français d’égyptologie, est l’auteur de l’étude la plus récente et la plus complète sur le sujet. Meeks s’appuie sur l’ensemble des sources primaires pour conclure : « Le pays de Pount, selon les Egyptiens, est situé – par rapport à la vallée du Nil – à la fois vers le Nord, près des pays de la région proche-orientale de la Méditerranée et aussi vers l’Est ou le Sud-est, tandis que ses plus lointaines frontières sont tout au Sud. Seule la péninsule arabique répond à toutes ces indications…

L’hypothèse selon laquelle le pays de Pount était situé en Afrique repose sur des arguments extrêmement fragiles. Elle est contredite par de nombreux textes et est devenue un fait établi dans l’égyptologie parce que personne n’a pris en compte l’ensemble des éléments de preuve sur le sujet, indépendamment du lieu d’origine ou de la date. Lorsque tous les éléments de preuve sont assemblés, le caractère incohérent et peu plausible de cette hypothèse africaine devient évident. La seule façon de concilier toutes les données est de situer Pount dans la péninsule. »

Mais la péninsule arabique s’étend vers l’Ouest au-delà la mer Rouge. Comme le montre David M. Goldenberg, « Aujourd’hui, la mer Rouge sépare deux terres distinctes, l’Afrique et l’Arabie. Mais, dans l’antiquité, on ne voyait pas les choses de cette façon. En effet, dans le monde de l’antiquité classique, d’Hérodote à Strabon, le terme « Arabie » désigne la région qui s’étend au delà de la mer Rouge jusqu’au Nil. Ce n’était pas la mer Rouge, mais le Nil, qui constituait la frontière entre l’Afrique et l’Asie… Ces sources grecques et romaines… Comme les sources proche-orientales anciennes, indiquent que la mer Rouge ne saurait servir de frontière ethnique et que la terre située sur ses deux rives portait le même nom, que ce nom ait été « Arabie » dans les sources grecques ou « Kush » dans la Bible. »

L’identification de « Pount » avec l’ensemble de la péninsule arabique, y compris la partie qui est du côté africain de la Mer Rouge, plutôt qu’avec le seul sud de la péninsule, est compatible avec le sens de Ta-Neter, « Terre de Dieu ». Comme l’a souligné Abdel-Aziz Saleh, le terme désigne une région très étendue et signifie généralement « l’Orient », à savoir l’est de l’Egypte, aussi bien que le Nord-est et le Sud-est. C’est un synonyme du terme Akhit (« l’Extrême-Orient »), qu’il a fini par remplacer.

Étant donné que Punt correspond à l’Afrabie et sachant que le fara Hatshepsut par exemple s’y rendit en pèlerinage, les propos du Maître semblent être corroborés pour l’instant.

II) La circumambulation

Toujours dans L’opuscule révélé, description est faite de certains rituels du hajj et leu lien avec la prêtresse kémite Hajar/Agar est expliqué ; nous ne reviendrons donc pas dessus. Seule la circumambulation (طواف tawaf en arabe) va nous intéresser. Il s’agit, pour ceux qui l’ignorent, de 7 tours effectué dans le sens mathématique direct (l’inverse des aiguilles d’une montre) autour de la Ka’ba. Cette fois c’est Plutarque, au paragraphe 52 de son Traité d’Isis et d’Osiris qui va nous mener sur la bonne piste :

De plus, au solstice d’hiver ils portent en procession une vache avec laquelle on fait sept fois le tour du temple. Cette allusion à la marche du soleil se nomme « recherche d’Osiris », parce que dans la saison d’hiver la Déesse est désireuse d’eau […]

La Déesse dont il parle, symbolisée par la vache, est évidemment Aset (Isis en grec). Or, encore une fois L’opuscule révélé mettait en exergue le lien entre Hajar et Aset :

Nous savons qu’en assumant la fonction de protectrice (spirituelle, matérielle) de l’enfant, Aset est appelée HATHERU (HATHOR), qui en médou neter signifie la demeure d’Héru. Cette fonction est également partagée par HAJAR mère d’Ismaël.

Etant donné qu’HAJAR et HATHERU sont toutes d’origines kémites l’on peut comparer les squelettes consonantiques de leurs noms. D’un côté nous avons H.TH.R pour HATHERU et de l’autre H.J.R. pour HAJAR. Il y a belle bien une similitude réelle entre HATHERU (HATHOR) et HAJAR. Il est manifeste qu’HAJAR était une grande prêtresse, « servante de Dieu », initiée dans la voie d’HATHERU (HATHOR).

Ainsi, initiée dans la voie d’Hatheru, Hajar ne pouvait ignorer ce rite du parcours 7 fois lévogyre de la vache Hatheru à la recherche d’Ausar (Osiris en grec). Quelle le reproduise lors de la codification du pèlerinage réactivé à Punt n’a donc rien de surprenant. Certains objecteront que le tawaf n’est pas lié à Ausar mais à la pierre noire (الحجر الأسود‎ al-Ḥajar al-Aswad). Ce qu’ils ignorent c’est que d’un point de vue ésotérique il y a équivalence entre les deux : Ausar comme la pierre noire représentent le Divin Corps Noir de Dieu.

 

La thèse de Maître Taheruka Shabazz (basée sur les données biblico-qur’aniques) est donc renforcée : Hajar, prêtresse d’Hatheru (dont un des titres est d’ailleurs « maitresse de Punt » ), a bien réactivé une coutume kémite en codifiant le pèlerinage à la Mecque. Et si un doute subsistait il suffirait de se souvenir du fait souligné par l’éminent Cheikh Anta Diop que le nom même de la Ka’ba provient de ka et de ba, termes sacrés de l’ontologie kémétique.

 

Ani’oto Shabazz, École Magistrale Shabazziya